Du côté d'un atelier d'écriture

La journée avait bien commencé à l'Atelier d'Ecriture en Visio jusqu'à ce qu'Éric,

l'animateur, demande aux participants d'inventer une histoire à partir du télégramme suivant :


"Petit chien perdu-Tata Huguette inquiète-Petit Léon oreillons-Curé paludisme-
Pommes succulentes-Chèque 100€ anniversaire Pipo suit. Signé Alfred".

Plus question d'échanger des plaisanteries ou de soigner son look. Le temps est limité.

Plus question d'échanger des plaisanteries ou de soigner son look. Le temps est limité. Chacun coupe son micro et se plonge dans l'exercice, en silence.


Ensuite viendra le moment de lire son œuvre et d'échanger avec les autres participants, avant de poursuivre avec un autre exercice.

Aujourd'hui quelques-uns d'entre eux ont accepté de partager publiquement le résultat de leur réalisation. Vous allez découvrir des styles différents, tous centrés sur le sujet.
De quoi susciter sans doute quelques commentaires, et pourquoi pas de proposer d'autres approches du même sujet.

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Chère Marie

Dimanche dernier, nous sommes allés à l'église St Pierre du gros caillou pour la messe de 11h. Le curé a fait son discours d'une voix tremblante, il avait très mauvaise mine. On a appris qu'il venait de faire une crise de paludisme assez violente. C'est vrai qu'il revenait d'Afrique et que son voyage l'avait beaucoup fatigué.
 
Ensuite nous avions rendez-vous chez tata Huguette pour le déjeuner à 13h.
Le déjeuner était délicieux mais il régnait une ambiance pesante car le petit Léon avait beaucoup de fièvre avec les oreillons.
Il n'est pas venu déjeuner avec nous.
De plus le téléphone n'arrêtait pas de carillonner, car le matin même la maman du petit Léon avait perdu son chien ; alors branle bas de combat, tout le monde était à sa recherche même les gendarmes. Il avait disparu depuis 2 jours et on s'attendait au pire... Enlèvement ? Accident ? 2 jours c'est long.
Tata Huguette essayait de dédramatiser mais on voyait bien qu'elle s'en faisait autant que la mère du petit Léon qui continuait ses recherches depuis son bureau.
 
Nous avons terminé ce repas par une tarte aux pommes succulente, puis chacun est reparti de son côté pour participer à la recherche du petit chien, sauf Léon qui est resté avec tata Huguette, il pleurait à chaudes larmes!
Voilà notre journée de ce dimanche.
Je t'embrasse.
P.S : Je t'envoie un chèque de 100 euros pour l'anniversaire de PIpo.

Alfred
-------------------- autre participant --- autre style  ----

Lorsque Mamie me montra le télégramme qu’elle venait de recevoir, elle ne l’avait pas encore lu. Il faut dire que cela faisait déjà quelques années qu’elle ne portait plus de lunettes. Elles lui étaient devenues complètement inutiles depuis que le jeune ophtalmologiste qui s'était installé dans le tout nouveau cabinet médical du village voisin, lui avait diagnostiqué une vue excellente.
Son problème était ailleurs. Elle n’avait jamais su lire.
Je décidais de le lui lire tranquillement.
Je savais qu’elle était sensible, qu’elle avait une santé fragile, notamment le cœur, et j’avais peur de susciter une trop forte émotion.
Nous nous installâmes confortablement dans le salon, elle dans son grand fauteuil en osier, avec une couverture sur les genoux, moi sur une petite chaise tout à côté, pour ne pas devoir parler trop fort.

Elle fut triste pour le petit chien, et espéra qu’il serait bientôt retrouvé.
Elle compatit à la tristesse de Tata Huguette, tout en se demandant ce qu’elle aurait pu faire de plus.
Les oreillons de Petit Léon ne l’inquiétèrent pas trop. Elle avait un vague souvenir que ce genre de maladie est assez courant chez les enfants.
Elle se moqua du paludisme du Curé. Il l’avait probablement bien cherché.
Elle saliva à l’évocation de la succulence des pommes.
Elle sembla heureuse d’apprendre que Pipo allait recevoir un chèque de 100 €.
Par contre elle m’affirma qu’elle ne connaissait personne du nom d’Alfred.

Des télégrammes comme celui-ci, elle en recevait souvent. Probablement parce-que le facteur était paresseux et ne voulait pas monter à l’étage au-dessus pour les remettre à sa voisine.
Une seule fois, elle l’avait vu monter à l’étage. Une seule fois par an, au moment des étrennes.
------------ on change encore de style -----------

Chers vous trois, quelle journée que ce 10 Septembre !
« Pauvre Alfred » aurait sans doute dit maman si elle avait été encore parmi nous.
Tout a commencé au réveil de tata Huguette : son loulou de Poméranie qui passe d'habitude la nuit couché sur un coussin au bord de son lit n'était pas là lorsqu'à six heures elle s'est réveillée comme tous les jours. Cette absence déclencha un branle-bas de combat et c'est toute la maisonnée des adultes qui dut partir à la recherche de Mistie, la petite chienne si docile. Rien dans la maison, ce qui nous sembla normal, la chatière étant restée ouverte. Recherches dans le jardin, toujours pas de Mistie.
Envoyés à travers le village chercher l'animal, la bonne et le jardinier la découvrirent en compagnie d'un représentant de la race canine, tendance corniaud, en train de batifoler. Ramené manu- militari à tante Huguette, le charmant animal semblait fier de lui. Moins sa propriétaire, qui, ne l'ayant pas fait stériliser, était inquiète des conséquences de son escapade.
Mais les déboires de la journée ne faisaient que commencer.
Vers 8h 30, les cris de Léon firent se précipiter sa mère dans sa chambre. Il se plaignait d'avoir mal de la gorge aux oreilles. Bingo, il avait attrapé les oreillons, sans doute chez la nounou. Le docteur Adam aussitôt appelé nous rassura. Chez un jeune enfant la maladie était bénigne, mais si des adultes ne l'ayant pas contractée dans leur enfance se trouvaient dans la maison, ils devaient se méfier et ne pas s'approcher du petit Léon.
Après toutes ces alarmes, il était juste temps de nous rendre à la messe de 11 heures.
Laissant Léon à la garde de sa tante toute encore chamboulée de la fugue de Mistie, la famille endimanchée fit son entrée à l'église juste à temps, n'ayant même pas eu l'occasion de saluer madame la maire ni l'abbé Cassine. Celui- ci commença son service assisté de Norbert et Hubert, les enfants de cœur. Avant le sermon du prêtre, Vincent nous lut une partie du Premier Épître aux Corinthiens, toujours aussi riche en enseignement.
L'abbé monta en chaire pour son sermon, mais tout de suite nous sentîmes un malaise. Ayant vécu 12 ans missionnaire en Afrique, où il avait une bonne position à Douala, son paludisme lui jouait un mauvais tour, et c'est en sueur et ahanant qu'il réussit avec courage à terminer l'office.
Sur le chemin du retour, le père Fouard nous remit un grand panier de pommes qui nous firent un succulent dessert.
Tu vois, mon cher Alain, que mon télégramme succinct demandait quelques éclaircissements. Par cette lettre tu connaitras mieux le déroulé de cette journée mouvementée. En espérant vous voir bientôt, et que Pipo profite bien de son anniversaire, je vous embrasse bien fort tous les trois,
votre Alfred
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à suivre

3 commentaires:

  1. Ce commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.

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  2. Je pense que l’on devrait créer un atelier de relecture silencieuse car j’ai pu apprécier la qualité des textes à tête reposée.
    Christian

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    1. Un troisième texte vient enrichir la lecture.
      A apprécier et savourer à tête reposée.

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