Retrouvons Maître Tichon

Ce jour-là donc, à l’atelier d’écriture, un second exercice nous attendait.

Il s’agissait de raconter une histoire cohérente en y ajoutant des mots imposés,

écrits au préalable sur des papiers et tirés au sort pendant l’exercice (ponctualité ... malingre, cassoulet ...),
en débutant par une même phrase de départ “Si je pouvais revenir en arrière, même de quelques minutes seulement !”

Si je pouvais revenir en arrière, poursuit Maître Tichon
Si je pouvais revenir en arrière, même de quelques minutes seulement, poursuit Maître Tichon, j’inviterais ici cet humain que j’ai croisé et qui, comme nous, fouillait les poubelles. Il n’a pas eu peur de moi. Mais à l’heure qu’il est, il a dû poursuivre son chemin. Oui, il faut le savoir, tous les humains ne sont pas égaux entre eux. Pas comme nous, les rats, qui prenons soin les uns des autres. Certains humains que je croise dans les rues sont de misérables hères mais le plus souvent inoffensifs. Ils ne crient pas en nous voyant. Avec ponctualité ils sortent, toujours les mêmes, le soir, quand les rues sont désertes. Le jour, ils dorment ou ils se cachent.

Je vous conterai aussi l’histoire d’un de nos aïeux, toujours célébré par La Fontaine, qui élut domicile dans un fromage de Hollande afin de se retirer du monde. De même, j’envisage pour mes vieux jours, de prendre une retraite méritée,je le dis sans amertume, dans le local d’un Mac Do, très prisé des jeunes humains, qui se gavent de viande et de frites mais en jettent une partie considérable. Ainsi je ne finirai pas malingre, voire décharné. »

L’assistance approuve en battant des pattes ce projet de vie raisonnable.« Ah si je pouvais remonter encore plus loin dans le temps, quand j’étais jeune et fringant, j’irais voyager sur un navire, comme mon trisaïeul Radepont, qui parcourut la terre entière avec des gentilshommes de fortune. Gavés de cassoulet, ces rats aventureux s’amusaient à fond de cale à contrefaire les humains, qui ne les aimaient pas et voulaient même les détruire. Vous voyez, ça ne date pas d’hier.
Certains d’entre nous, devenus sédentaires, perpétuent quand même la tradition marine en vivant dans les péniches amarrées sur la Seine ».
Anne A.

à suivre


Histoire d’un rat

Ce soir, dans une station de métro désertée, Maître Tichon tient une conférence.

Les auditeurs sont nombreux car Maître Tichon jouit d’une grande réputation.


ce soir, dans une station de métro désertée

Les jeunes sont installés au premier rang tandis que les adultes se pressent aux alentours en jouant parfois des dents. Maître Tichon apparaît enfin, sous les approbations de l’assistance.

C’est un vieux rat au poil blanchi ; il a une démarche un peu raide. On sent qu’il a beaucoup vécu, qu’il a de l’expérience. Après avoir salué son public, Maître Tichon s’éclaircit la voix.


Moi qui vous parle, je suis fier d’être un rat 


« Moi qui vous parle, je suis fier d’être un rat et je voudrais vous convaincre que, contrairement à ce que prétendent les humains, nous sommes des êtres hautement respectables.
Par exemple, tenez. 
Un de nos ancêtres (car les rats forment depuis toujours une vaste famille) a été célébré par le fabuliste humain Jean de La Fontaine, qui raconte comment ce brave rat, ce rat valeureux, a délivré un lion d’un filet qui l’emprisonnait ! »

Un lion ! L’assistance frissonne…

« Eh bien, moi qui vous parle, poursuit Maître Tichon,
j’ai suivi son exemple et récemment encore j’ai délivré un chat d’un sac en plastique dans lequel il s’était malencontreusement faufilé ! »

Un chat ! L’assistance frissonne de plus belle… Ce Maître Tichon, quel courage !

« Parce que, voyez-vous, mes amis et mes frères, l’humain jette de tout partout. Parfois ce n’est même pas comestible ! L’humain est sale et gaspilleur. Et nous les rats, nous devons passer après lui pour nous charger de la besogne. Vous avez tous vu, dans les rues, récemment, ces montagnes de sacs noirs que les hommes ne se donnaient pas la peine d’enlever... »

« Pourquoi ? » demande un petit jeune aux fines moustaches et aux yeux brillants.

« Trop occupés à se battre et à crier comme des loups ! Les deux-pattes n’ont aucun bon sens. Et à côté de ça, quand ils voient l’un d’entre nous paisiblement occupé à croquer un bout de fromage ou à lécher la sauce d’un hamburger, ils poussent des couinements aigus et effrayants. Ah, ces humains ! Quelle engeance détestable ! Mais enfin, soyons indulgents, car sans leurs déchets nous serions bien misérables.
Anne A.


C’est comme cela que l’histoire à commencé.
Ce jour-là à l'atelier d'écriture la consigne était claire “ Un animal “sauvage” parisien … raconte son expérience urbaine au milieu des humains”. Vous avez 20 mn !

Après l'exercice, nous pensions être tirés d'affaires. 
Mais il n’en était rien.
Un autre allait suivre.

Explorez les horizons de votre créativité !

En découvrant un atelier d'écriture captivant.

Profitez de la prochaine séance de la saison, vendredi 9 juin prochain.
Venez nous rencontrer.
Venez observer, venez participer. Ou peut-être les deux.


bien plus qu'un simple lieu où l'on s'assoit pour aligner des mots

L'atelier d'écriture est bien plus qu'un simple lieu où l'on s'assoit pour aligner des mots sur du papier. C'est un espace dynamique et stimulant où les idées se rencontrent, où les mots prennent vie et où les histoires prennent forme. Si vous cherchez à nourrir votre passion pour l'écriture et à explorer de nouvelles possibilités créatives, l'atelier d'écriture est fait pour vous.

Grâce à des exercices variés et à des discussions constructives, vous aurez l'occasion de découvrir votre style personnel, de développer et d'affiner votre technique. L'atelier d'écriture vous offre un environnement bienveillant où vous pouvez prendre des risques, expérimenter de nouveaux genres et explorer différentes formes d'expression littéraire.
Les ateliers d'écriture encouragent souvent les exercices d'écriture en groupe, les jeux d'improvisation.

Dans l’atelier d'écriture, vous serez régulièrement exposé à des thèmes et des défis d'écriture stimulants. Que ce soit un sujet de fiction insolite, un exercice de poésie ou une exploration de l'écriture créative basée sur des événements réels, ces défis vous pousseront à sortir de votre zone de confort et à repousser les limites de votre imagination. Les contraintes créatives vous amènent à trouver de nouvelles approches et à explorer des idées inattendues, ce qui peut donner naissance à des œuvres d'une grande originalité.

L’écoute bienveillante : les textes créés sont lus à haute voix (chacun reste libre de ne pas lire son texte) et font l’objet de remarques constructives.

Chacun repart heureux d’avoir fait un acte de création inattendu et généralement satisfaisant.

Anne Abougit

Les histoires se suivent. Vraiment ?

Cela s'est encore passé à Fontaine le Port,

Il s'agissait de composer un portrait
sans décrire ni nommer directement le personnage ou la personne.

Il a bien-sûr encore fallu passer par quelques indispensables minutes de réflexion,
avant de se lancer dans d'interminables histoires.

Après une sévère auto-censure, nous proposons ces quelques portraits à nos lecteurs

En voici un :
Bonjour Madame Durand. Qu’est-ce que je vous sers aujourd’hui ?
Elle connaissait beaucoup de ses clients réguliers par leur nom.

Alors que Madame Durand semblait réfléchir encore, elle enfila son gant de travail habituel pour saisir la marchandise. Les conditions sanitaires s’étaient renforcées depuis les dernières années, surtout dans son métier. Elle y pensait souvent. Il avait fallu aussi installer une protection en plexiglass au niveau de la caisse. Et dans les périodes plus sensibles elle devait porter un masque.

Elle savait déjà que la cliente lui demanderait, comme d’habitude, une baguette bien cuite. Peut-être qu’il y aurait aussi deux ou trois pâtisseries, mais rarement en semaine. Parfois la cliente venait également lui chercher un courrier recommandé qui aurait été déposé par le facteur.

Aujourd’hui il n’y avait que du pain.
Est-ce que celle-ci vous convient ? Demanda-t-elle en saisissant une baguette bien cuite.


Et un autre :
La fin est proche. Mon aumônier va bientôt arriver. Que de péchés à confesser, et tant de regrets...mais aussi tant de beauté à léguer à la postérité, cependant je le tairai à mon confesseur pour ne pas ajouter l’orgueil à tout ce que je dois avouer.

Ma mère m’a sauvé de mon indolence en préparant à mon futur métier, et aussi à m’écarter de la charmante petite anglaise qui m’avait attiré. C’est elle aussi qui m’avait poussé à un mariage malgré notre jeune âge, et je dois lui demander pardon pour toutes mes infidélités à elle partie si jeune ainsi qu’à ma seconde épouse. Que Dieu me pardonne, mais Jeanne, Anne et les autres étaient si belles, même si certaines ont trop interféré autrement que dans ma vie privée.

Trop d’égoïsme encore lorsque j’ai abandonné mes enfants, ou bien du bas réalisme ? Et toujours ce besoin d’argent pour ma mégalomanie disent certains, et pour ces querelles incessantes. Et alors que je me rapproche du tombeau, que je vois devant moi la lumière divine, ai-je bien agi dans toutes les querelles religieuses, oublié d’écouter chacun sans colère.

Mais après mes péchés avoués et j’espère pardonnés, je sais qu’il restera toute la beauté, que ce soit des palais, des peintures, des sculptures et des poèmes en cette langue française que j’ai tant aimée et protégée.

Enfin .. .mon confesseur, je vais partir en paix.

un indice complémentaire se cache dans cette toile

Et, pensant sans doute aider le lecteur curieux à retrouver le personnage qui se cache derrière ce second portrait, notre auteur anonyme propose une petite charade :


mon premier est surtout apprécié de Collioure

mon second est surtout apprécié de Normandie

… et mon tout est le sujet de ce portrait



à suivre